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La dernière chance

Hichem Mechichi, le Chef de gouvernement désigné, n’a pas encore dévoilé les contours de sa stratégie de formation du gouvernement. Mais il a lâché un mot qui résume un peu son modus operandi. Un gouvernement de « réalisations », a-t-il indiqué lors de ses premières rencontres avec les présidents des blocs parlementaires. Ce mot, pourtant très vaste, a réussi à lui seul à convaincre ses premiers interlocuteurs, qui l’attendaient de pied ferme, du sérieux de la stratégie de cet homme de terrain dont la volonté est tendue vers l’action.  En effet, l’ambition de Mechichi est claire, son rôle est simple : gagner et conduire son équipe à la victoire.

Par conséquent, il n’y a pas de doute, son travail doit tout entier être tourné vers cet objectif, celui d’un succès collectif. A l’en croire, il veut mettre toute son énergie au service de la nation avec la participation de toutes les composantes politiques, de toutes les compétences dont regorge le pays. Donc, il ne s’agit pas d’une aventure individuelle mais bien d’une responsabilité qu’il assumera au nom de tous et pour tous. Mais pour y parvenir, le chemin de Mechichi sera semé d’embûches car il faudra non seulement contester frontalement le fatalisme et cette forme de démission, mais aussi enclencher une nouvelle synergie en mettant tous les acteurs politiques et administratifs dans le feu sacré de l’action et des réalisations. Ceux qui veulent se lancer dans une course aux portefeuilles ministériels sont remontés contre lui du fait qu’il n’ait pas opté pour un gouvernement à coloration partisane, mais la politique n’est-elle pas l’art de trouver et de créer des marges de manœuvre dans les zones interdites et d’imaginer la voie étroite qui permette de surmonter les difficultés ? Mais cela consiste d’abord à dire la vérité au peuple, à donner une cohérence aux aspirations souvent contradictoires des Tunisiens lassés d’attendre, de trop attendre, et à être lucide. N’empêche, pour gagner, le nouveau Chef de gouvernement désigné doit comprendre les attentes des Tunisiens, interpréter leurs besoins et réaliser leurs aspirations. Car les problèmes restent posés, et il est temps de s’y bien atteler. Donc Mechichi, qui est notre dernier espoir, doit incarner le changement le plus profond et le plus rapide. Car les Tunisiens attendent de lui une rupture avec le conformisme et la bureaucratie pour inventer un nouvel équilibre et vite. Un nouveau modèle de développement, dont l’ambition première sera de rendre la réussite accessible à tous quelles que soient leurs origines ou leurs régions. Un nouveau modèle où la clé ne sera pas de promettre — tels les démagogues — la réussite à tout le monde mais où le travail sera la base de tout, et où tout se mesure à la sueur du front. Nous n’avons plus de temps à perdre dans des querelles interminables, dans la division et dans les tiraillements. Cette fois-ci soit nous gagnerons ensemble, soit nous coulerons ensemble. Ce choix ne sera pas uniquement du ressort du nouveau chef de gouvernement désigné mais aussi le nôtre.

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